Le 11 juin 2025, à l’occasion de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC 3), organisée à Nice, l’Office de l’Eau de la Martinique a pris part aux échanges.
Dans un premier temps, lors de la table ronde Island Waterscapes: where freshwater currents meet ocean resilience, plusieurs intervenants se sont exprimés sur les liens entre gestion de l’eau douce et préservation des milieux marins dans les territoires insulaires. Gaëlle Hiélard, cheffe de projets politiques de bassin à l’Office de l’Eau de la Martinique, a présenté les spécificités du territoire martiniquais en matière de gouvernance de l’eau.
Son intervention s’est articulée autour de trois enjeux majeurs : l’assainissement, l’adaptation aux effets du changement climatique et les inégalités sociales dans l’accès à la ressource.
Elle a tout d’abord rappelé que seuls 40 % des foyers martiniquais sont raccordés au réseau collectif d’assainissement, les autres utilisant des dispositifs majoritairement non conformes. Cette situation entraîne une pression importante sur les milieux littoraux et marins. Face à ce constat, des solutions sont mises en œuvre, notamment à travers le projet régional CARIBSAN, porté par l’ODE Martinique, qui vise à développer des stations d’épuration à filtres plantés adaptées aux conditions tropicales, en coopération avec la Guadeloupe, Cuba, Sainte-Lucie et la Dominique.
Le second enjeu concerne l’adaptation, en particulier la gestion des impacts dus au changement climatique. Par exemple, l’évolution des quantités disponibles en eau, l’impact de la pollution historique à la chlordécone, ou encore les conséquences de l’érosion côtière. Pour y répondre, des dispositifs tels que le développement d’un modèle hydro-économique de gestion de la ressource ou la mise en place de stratégies de relocalisation hors des zones littorales existent.
Enfin, Gaëlle Hiélard a rappelé que ces enjeux techniques ne peuvent être dissociés du contexte social et historique du territoire. Elle a souligné l’influence de l’histoire coloniale dans la structuration actuelle de la gouvernance de l’eau en Martinique. À titre d’exemple, la domanialité des rivières en Outre-mer, les retards structurels et les inégalités économiques participent à un climat de défiance et compliquent la mise en œuvre des transitions nécessaires. Selon ses propos, la transition écologique devra nécessairement s’accompagner d’une transformation sociale et d’une meilleure prise en compte des spécificités locales.
Plusieurs pistes d’action ont été évoquées à différentes échelles :
– Chez les usagers, par la récupération d’eau de pluie et la sensibilisation aux économies d’eau ;
– Dans le secteur agricole, par l’évolution des pratiques et le recours au réemploi des eaux usées traitées ;
– Au niveau des collectivités, par l’amélioration de la performance des réseaux, la diversification des ressources, le renforcement des interconnexions et les opérations de re-végétalisation des bassins versants.
Dans un second temps, l’ODE Martinique a également participé au Forum mondial des îles 2025, organisé en marge de l’UNOC, sous la présidence de M. Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux, avec le soutien de M. Manuel Valls, ministre d’État, ministre des Outre-Mer. Cette prise de parole a permis de rappeler l’importance de la coopération entre territoires insulaires et du partage d’expériences face aux enjeux communs en matière de gouvernance de l’eau et de résilience.
Ces échanges ont mis en évidence la nécessité d’articuler solutions techniques, prise en compte des réalités sociales et historiques, et renforcement des dynamiques de coopération régionale.