La 22ᵉ Conférence Internationale du Réseau International des Organismes de Bassin (RIOB) , s’est tenue du 19 au 23 mai 2025 à Parme, en Italie.
Cet événement réunit les acteurs européens de la gestion de l’eau – autorités de bassin, institutions publiques, chercheurs, ONG, élus – autour d’un objectif commun : partager les expériences et améliorer la mise en œuvre de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) dans un contexte de transition écologique et climatique.
L’édition 2025 est placée sous le signe du Nexus Eau-Énergie-Alimentation-Écosystèmes (WEFE), une approche qui souligne les interdépendances entre la gestion durable de l’eau, la sécurité alimentaire, la production énergétique et la préservation des milieux naturels.
L’Office de l’Eau de la Martinique (ODE Martinique) a activement pris part à l’édition 2025 de l’Euro-RIOB en portant une voix singulière : celle des territoires insulaires tropicaux ultramarins confrontés à une rareté croissante de la ressource en eau. Michéla ADIN, Directrice générale de l’ODE Martinique, à travers une présentation intitulée « Comment soutenir le développement d’une agriculture à la fois nourricière et économe en eau en contexte insulaire », a mis en lumière les enjeux spécifiques du territoire martiniquais.
Une île riche en eau, mais vulnérable
Bien que bénéficiant d’une pluviométrie abondante, la Martinique est confrontée à une inégale répartition des ressources en eau, une vulnérabilité accrue aux sécheresses, et une pression croissante sur ses milieux. Les effets du changement climatique – baisse des précipitations, sécheresses prolongées, cyclones plus intenses – menacent directement la sécurité hydrique et alimentaire du territoire.
Une agriculture déséquilibrée
L’agriculture martiniquaise reste largement tournée vers l’exportation, notamment avec la banane et la canne à sucre qui occupent 55 % des surfaces cultivées et captent 80 % des aides européennes. Pendant ce temps, la production locale de fruits, légumes et viande est insuffisante, rendant le territoire fortement dépendant des importations. Les petites exploitations vivrières, peu soutenues, sont en difficulté malgré leur potentiel nourricier et écologique.
L’ODE, un acteur engagé dans la transition
Face à ces constats, l’ODE Martinique affirme sa volonté de soutenir une agriculture durable et économe en eau à travers son programme d’action 2023-2027. L’ODE accompagne techniquement et financièrement :
Une ambition freinée par de nombreux obstacles
- Des études sur la REUSE (réutilisation des eaux usées traitées) pour l’irrigation.
- L’élaboration d’un schéma d’irrigation à l’échelle de l’île.
- Le développement de fermes agroécologiques en partenariat avec la Chambre d’agriculture.
- Des projets d’agroforesterie et de replantation de haies.
- La mutualisation de financements avec l’État et les fonds européens pour des actions agricoles climato-résilientes.
Si les ambitions sont partagées, la transition vers une agriculture plus autonome et respectueuse de l’eau reste entravée par des blocages structurels : héritage colonial, déséquilibres financiers, défiance liée au scandale de la chlordécone, manque de références agronomiques tropicales, et faible coopération régionale avec les territoires voisins de la Caraïbe. En participant à l’Euro-RIOB, l’ODE Martinique a rappelé l’importance de mieux prendre en compte les spécificités des territoires insulaires dans les politiques européennes de l’eau et de l’agriculture. Une manière de plaider pour plus de justice territoriale et de cohérence dans la gestion intégrée des ressources.